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Negalyod, un album de résistance
« Ces deux dernières années, j’ai eu un éveil à une forme de conscience politique, écologique, sociale. »
« J’étais comme Jarri dans son désert, un peu coupé du monde. Il ne sait pas ce qu’est la ville, il ne connait pas les femmes, et il sent derrière lui l’héritage de quelque chose qu’il n’arrive pas à traduire en mots. Negalyod raconte ça, comment dépasser ses propres frontières, frontières intérieures, frontières de l’espace. Comment entrer dans un combat avec les idées reçues, et peut-être atteindre son but. Avec combativité, résistance et grâce à l’autre, surtout grâce aux autres, on peut arriver à un résultat. Mais le monde est très grand et l’homme très puissant et dévastateur, on ne pourra pas tout régler d’un coup. Negalyod, c’est l’apprentissage des petits combats et des petites victoires. C’est vraiment un album de résistance. »
Vertige du dessin
Dans Negalyod, Vincent Perriot adopte un style graphique plus réaliste que dans ses œuvres précédentes, tout en conservant la virtuosité et la dynamique de son trait. Les dessins pleine page rythment le récit. La représentation des grands espaces, des villes tentaculaires, ou de centaines d’humains ou d’animaux, relève du grand spectacle et donne presque le vertige à la lecture.
« J’ai vraiment voulu mettre l’accent sur le caractère de chacun des personnages à l’image. Même dans la ville, chaque personne a sa propre personnalité, ses propres origines, sa propre histoire, ses propres vêtements, qui sont là pour le définir. Tous les visages sont différents, à chaque fois j’ai pioché dans ma documentation pour essayer de
trouver un costume bien particulier et donner une singularité à chacun. Et puis, j’ai eu la chance de faire une rencontre magnifique : Florence Breton, la coloriste de l’album. Elle est trop forte ! Pour les personnages, pour les ambiances, les lumières, elle a su tout capter. Je ne vois personne d’autre qui arrive à ce degré de finesse, et réussisse à donner autant de punch aux actions… »
L’hommage au maître
Les couleurs que Florence Breton pose sur les pages de Negalyod ne manquent pas d’évoquer l’univers de Moebius dont elle fut également la coloriste. Hommage au maître dont la démarche artistique et la technique ont nourri Vincent Perriot tout au long du livre.
« J’ai pu avoir en main des planches originales du Monde d’Edena de Moebius, ça a été un déclic. J’y ai vu un tel investissement technique et spirituel de chaque case, c’était tellement beau. Chaque dessin constituait un monde en soi. Chaque détail de matière est investi, si c’est un arbre, il a regardé un arbre, si c’est une roche, il sait d’où elle vient, de quel type de roche il s’agit. Sa gestion de l’anatomie, de la lumière, la délicatesse de son encrage, sa retenue pour faire vivre les formes de façon subtile… En regardant ces pages, je me suis dit que je voulais aussi vivre intensément ce rapport à la matière, à la page, au papier, à l’encre, aux erreurs, le fait de laisser parler les infimes aléas de l’encre.
Je n’ai aucune prétention à atteindre le niveau de Moebius, c’est impossible. C’est ça qui est grisant, c’est impossible. Mais je peux prendre le chemin et essayer de monter la première marche. »
L'album